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n’étaient admises que des femmes, ne fussent également des réunions honnêtes. Pour les Anthestéries, nous avons le témoignage d’Euripide, qui dit que la femme sage s’y conservait pure[1] ; et quant aux fêtes de Rome, on sait que c’est à leur occasion que fut dite la parole célèbre : « La femme de César ne doit pas même être soupçonnée[2]. »

Mais la passion fait brèche partout et finit par tout pervertir ; l’amour même de Dieu y passe ; les fureurs érotiques des mystiques sont connues ; comment l’amour des éphèbes ferait-il exception[3] ? Mais la preuve invincible que l’amour érastique, dont le nom nous paraît aujourd’hui si effroyable, est et a été en principe pur et innocent, c’est que le fondateur du christianisme s’y est adonné publiquement et sans réserve. Il aimait un beau jeune homme qu’on pouvait voir couché sur son sein.[4] Un argument non moins célèbre est l’existence et surtout la mort du fameux bataillon sacré, ἱερὸν λόχον, de Thèbes. Ceux qui le produisent pour soutenir le contraire ne sont pas recevables en leur conclusion. Ils oublient que le vice ne rend pas héroïque ; ils oublient le témoignage que rendit aux jeunes gens dont cette phalange était composée le roi qui avait éprouvé leur valeur à Chéronée. S’arrêtant devant

  1. Καὶ γὰρ ἐν βακχεύμασιν οὖσ’ἥ γε σώφρων οὐ διαφθαρήσεται.(Euripides, Bacchæ, 217 et al.)
  2. Plutarch., Cæsar, x ; Cicer., xxix.
  3. Cernik (Expedition durch die Gebiete des Euphrat und Tigris, p. 7) décrit sommairement un de ces excès qui reviennent périodiquement chez les Ismaéliens et les Nazaréens. V. aussi Erman, Reise um die Erde, 1, 299 et alibi pl.
  4. Erat ergo recumbens unus ex discipulis ejus in sinu Jesu, quem diligebat Jesus. (Joan., xiii, 23, 25 ; xxi, 20.)