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piré, et la loi religieuse le consacrait. Platon et bien d’autres encore l’assurent.[1] Zénon, Chrysippe et Apollodore affirment que le sage peut aimer les jeunes gens dont la beauté révèle d’heureuses dispositions à la vertu ; que cet amour est un élan de bienveillance déterminé par la vue de la beauté, et qu’il a pour objet, non l’union charnelle, mais l’amitié.[2] Plutarque, qui est certainement un auteur moral, dit en toutes lettres que les attachements dont il s’agit n’avaient rien de vicieux, qu’ils étaient au contraire pleins de pudeur et d’honnêteté, qu’ils naissaient d’une émulation louable pour la vertu.[3] Ce n’est pas parce qu’il était aimé de Démétrius que le beau Damoclès, Δημοκλῆς ὁ καλός, cherche une mort affreuse dans les eaux bouillantes d’un bain public ; il se tua pour conserver pur un amour que le tyran voulait souiller.[4] Ces inclinations étaient si chastes à Lacédémone, ville où elles avaient le caractère d’institution religieuse, que ceux qui s’y adonnaient vivaient entre eux comme les pères avec leurs enfants et les frères avec leurs frères ;[5] de même les femmes les plus honnêtes s’y attachaient à de jeunes filles.[6] Rien ne s’oppose à penser que les fêtes dionysiaques appelées Anthestéries qu’on célébrait en Grèce, ainsi que les veillées secrètes et mystérieuses passées à Rome en l’honneur de la Bonne-Déesse, fêtes où, dans l’un et l’autre pays,

  1. Plato, Convivium, viii, ix. Cf. Ælian., Hist. var., III, 9, t1.
  2. V. Diogenis Laertii, 1. viii, c. 1, 66 : Καὶ ἐρασθήσεσθαι δὲ τὸν σοφὸν τῶν νέων κτλ.
  3. Plutarch., Agesilaus, xx.
  4. Plutarch., Demetrius, xxiv.
  5. Xénophon, De republi. Lacedœm., ii.
  6. Plutarch., Lycurgus, xviii,