même de la catholicité. Ce qui est du moins certain, c’est que Mammon, l’idole la plus puissante, ne discontinue pas d’y lutter avec avantage, en la personne même de « l’idole du Vatican », contre le Christ, le contempteur de l’or, de la passion de l’or et de ses adeptes. « L’adoration de l’or et de l’argent, dit Jacques de Saroug, a souillé même les saints[1] ». Autant vaut dire qu’il n’y a pas de saints, et ainsi le veut, en effet, le meilleur des mondes possibles.
Restons sur ce mot charmant d’ironie et de vérité de Leibnitz, et résumons le gros volume que nous avons condensé dans les pages qui précèdent en disant que de très-anciens mythes, dont il faut chercher l’origine chez les peuples de la race blanche, semblent nous raconter que les organes du commerce sexuel et ce commerce lui-même se sont trouvés frappés, à l’éveil de la conscience humaine, de raillerie et de honte ; que, par suite, un sentiment vengeur, l’équivoque pudeur a pris la place de la chasteté, parce que l’homme, par un motif d’orgueil, a cherché dans la cohabitation une satisfaction qui détournait cet acte de sa portée immédiate et en viciait le principe. Ce n’est plus de la simple propagation de l’espèce qu’il s’agit dans l’union sexuelle de l’homme et de la femme, mais du culte de la créature ; c’est l’exaltation du moi, l’idolâtrie, qui se dresse sous l’acte charnel tel qu’Ève l’inaugure, et c’est en conséquence l’idolâtrie que vise la défense de manger du fruit de l’arbre en en montrant la vanité par le néant qui l’attend, c’est-à-dire par la mort.
- ↑ L’auteur fait preuve dans son discours d’une grande élévation d’esprit contre l’amour de l’argent surtout, qui est, dit-il, « une espèce de résurrection pour l’idolâtrie, » et qui « a souillé même les saints. » (Loc. cit., p. 143 sq.)