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constituent la littérature buddhique, ce en quoi sont d’accord les ouvrages du Petit-Véhicule avec ceux du Grand-Véhicule (1), c’est ce point que ce n’est jamais ce que nous autres de race arienne ou de race sémitique nous entendons par activité ou par action qui importe, le travail pratique et positif, le labeur, mais bien la non-activité, la non action. Le suprême moyen de perfection et de bonheur est la solitude, le silence et l’inertie. Et de même Laotse pose cette maxime que « le sage pratique le non-agir (2) », puis, comme conséquence, que « le sage s’étudie constamment à rendre le peuple ignorant et exempt de désirs. » Sans doute, cette ignorance n’est pas précisément ce que nous entendons par ignorance, puisque le détachement de tout, le dépouillement de soi-même, l’anéantissement du moi supposent, pour être atteints, une volonté plus constante que l’ignorance, j’entends l’ignorance vulgaire, n’en est capable, néanmoins le résultat pratique en revient au même. En effet, l’ignorance buddhique, aussi bien que ce que nous entendons par ignorance, tend, en dernier ressort, à supprimer toute application consciente, tout développement régulier, tout épanouissement progressif de nos facultés et de nos talents. Elle tue donc en son germe la grande culture intellectuelle, elle est la mort de la civilisation et du progrès. La morale de l’absolu renoncement est la voie de l’inertie, santimagga, et ne peut mener les peuples qu’à la mort sociale et politique.

Nous voilà donc en état de juger la vertu buddhique en pleine connaissance de cause. C’est une vertu assurément, et même c’est une vertu héroïque, vîrya. S’enlever à l’existence, à ses douleurs, à ses misères et à ses infamies, ici-bas dans l’extase et, au-delà de la tombe,

(1) Voir pour l’énumération de ces ouvrages, outre l’endroit déjà cité ci-dessus (p. 16, note 2), Upham, Sacred and historical Books of Ceylon, t. III ; — Hodgson, Notices of the languages, literature and religion of the Bauddhas of Nepal, dans Asiat. Researches, t. XVI, p. 421 sqq., et Transactions of the R. Asiat. Society, II, p. 224 sqq.

(2) Tao te king., 1, 2, 3.