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le Toit si souvent représenté dans le Dekhan, à Ceylan et à Java , en est l’emblème le plus expressif.

Ainsi le buddhisme, pour nous résumer, ne peut pas avec son nirvana se passer de la vertu ; c’est avec raison que le Buddha s’appelle lui-même ce l’ami par excellence de la vertu , kalydnamitra », et cependant cette vertu, parce qu’elle vise à tout éteindre (1), aboutit à la léthargie physique et intellectuelle, et partant, au dépérissement social. Comment une société pourrait-elle durer et progresser avec une vertu qui, quant aux fonctions dont elle est le but, revient parla patience, la suprême dévotion, khantîparamam tapo (2), à l’inertie ou à l’apathie dans la solitude la plus profonde possible (3) ? C’est dans cette solitude qu’on éprouve le suprême bonheur, Favant-goût du nirvana ; c’est en quelque sorte le nirvana même, nibbânam paramam sukham (4). Ainsi toutes les vues de Çâkyabuddha sont essentiellement négatives (5). Avec le manque de

(1) Qu’on en juge par le curieux exposé que donne de la théorie buddhique le livre chinois Chin i tian, LXXVI, traduit par Kloproth. Le voici : a Quand la quiétude est venue, alors l’ignorance s’éteint ; l’ignorance étant éteinte, l’action s’éteint ; l’action s’éteignant, la connaissance s’éteint ; la connaissance s’éteignant, le nom et le titre s’éteignent ; le nom et le titre étant éteints, les six entrées (*) s’éteignent ; les six entrées s’étant éteintes, le plaisir renouvelé s’éteint ; le plaisir renouvelé s étant éteint, le désir s’éteint ; le désir s’étant éteint, la douleur s’éteint ; la douleur éteinte, l’amour s’éteint, l’amour s’étant éteint, la caption s’éteint ; la caption éteinte, la possession s’éteint ; la possession s’étant éteinte, la naissance s’éteint ; la naissance éteinte, la vieillesse et la mort, la tristesse, la compassion et la souffrance ont pris fin, » et il ajoute : « C’est ce qu’on appelle avoir trouvé la doctrine. » Le chinois a évidemment pris tout cela dans un sûtra cinghalais. Cf. supra, p. 39.

(*) Les cinq sens physiques avec le marias, le sens intime.

(2) Dhammapadam, str. 184.

(3) Ibid., str. 305.

(4) Ibid., str. 203, 204.

(5) Ce qui n’empêche que d’abord, semblable en cela à l’islamisme, le buddhisme n’ait déployé une merveilleuse activité, surtout dans les arts