Page:Schoebel - Le Buddhisme, 1874.djvu/32

Cette page n’a pas encore été corrigée
— 168 —

rait dans une substance universelle comme une flamme qui s’éteint et on compara le Nirvana à un feu, ivâgnir, qui rend égaux en lui tous les aliments dont il se nourrit. Tout le système anarien comme qu’il se présente, qu’il aboutisse aux esprits , à l’air ou au Nirvana, revient à cette involution dans une substance défaite en son fonds premier non-ouvré, akata, la substance universelle, l’atome du monde, lokadhâtu. La, toute personnalité s’anéantit comme telle, et c’est bien un anéantissement complet, mais ce n’est pas, nous l’avons déjà remarqué, et nous y reviendrons encore, le nihilisme proprement dit. Ce nihilisme-là est incompatible avec une religion qui a pour base la nature où, dit expressément le buddba «’hinois : l’être et le non-être naissent l’un de l’autre (1). Aussi le buddhisme connaît-il toute une série de nirvanas, comme il connaît toute une série de vides, çûnya. On en énumère dix-huit. Ce qui est indéniable, c’est le caractère nettement athée du système ; l’Adibuddha s’y présente comme une superfétation tardive, « Caïn sortit de la présence de Dieu (2), » et sa race n’y rentra jamais. L’Adibuddha, dont le savant M, Koeppen me conteste d’un ton si rogue d’avoir lu le nom (Odi-Bod) sur des monnaies de la dynastie Turushka (3), l’Adibuddha n’est pas conçu comme l’Etre absolu : c’est un primus inter pares comme Ormazd chez les Perses (4), comme Zeus chez les

(1) Tao-te-King, I, 2.

(2) Genèse, IV, 16.

(3) Koeppen Die Religion des Buddha, II, p. 0.

(4) Voy. les inscriptions de Darius et de Xerxès à Persipolis chez Spiegel, Die altpersischen Keilinschriften, p. 44, 60, 64. On y lit : «Le grand Ahuramazda, qui est le plus grand des dieux : Auramazda, vazraka. hya. mathista. bagânâm. C’est une erreur de dire comme l’a fait M. Longpérier au Congrès international des Orientalistes , qu’Ormazd se présente dans les inscriptions des Achéménides comme seule et unique cause, sans partage de puissance, qu’il y a tout au plus Mithra qui apparaisse avec Ochus (Artaxerses III), et que, « c’est un exemple unique.» Quand cela serait, cela prouverait déjà qu’il y avait partage de puissance ; mais nous voyons Mithra et aussi Anahita se faire leur place dans une inscription d’Artaxerxès Mné-