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buddha, nous pouvons l’admettre, sans pour cela cesser d’insister sur quelques signes spéciaux, tels que la protubérance de crâne déjà mentionnée, qui ne rentre assurément pas dans la représentation d’un type général.

Mais voyons l’image dont il s’agit.

Tout d’abord, on est frappé de la chute ou de la dépression de ce visage aux grandes lèvres épaisses, au nez long, de peu de relief, large sur sa base et busqué au bout en forme de museau ; on remarque aussi la faiblesse du menton et sa ligne fuyante en dessous.

C’est là un ensemble anatomique qui, à première vue, fait ranger le masque buddhique dans la catégorie anarienne ou mongolique. Mais parmi les signes qui passent pour être spécialement caractéristiques de la personne du Buddha Çâkya, il en est quatre qui permettent d’affirmer que la famille à laquelle appartenait le prince du « Lieu jaune » tenait d’origine au sol même de l’Inde, qu’elle était autochthone. Ces signes sont les doigts des mains et des pieds reliés par une membrane, jâlângulihastapâdah, les longs bras descendant jusqu’aux genoux, les oreilles démesurées et largement trouées aux lobes, enfin la teinte des ongles tirant sur la couleur du cuivre rouge.

Quant au premier signe, il fait tout de suite songer à la tradition recueillie par les Tibétains, dans la grande collection du Bkahhgyur (1), suivant laquelle la famille des Çakyas et originaire du delta de l’Indus, pays fort marécageux (2) et habité par des peuplades se nourrissant de la pêche et vivant plus dans l’eau que sur le sol ferme. Or, les mains et les pieds palmés symbolisent à merveille cette manière de vivre, qui ne fut jamais celle d’un Indien réellement aryen, cela est certain. On sait l’influence qu’exercent les actions et les habitudes comme causes de modifications des organes. Je ne veux pas abonder dans la théorie

(1) Prononcez : kandjour ; mot qui veut dire «traduction de commandements. » Voy. Journal of the Asiatik Society of Bengal, 1833 ; II, 385.

(2) La flotte d’Alexandre s’y embourba (αἴ νῆες) ἐν τῷ πηλῷ ἑδραίας ϰατέλαβεν ((ai nêes) en tô pêlô edraias katelaben). (Arriani Exp. Alex. VI, 19).