Page:Schoebel - Le Buddhisme, 1874.djvu/24

Cette page n’a pas encore été corrigée
— 160 —

CHAPITRE II.

Cependant un doute semble être permis. On pourrait douter que le buddha Câkya ait jamais réellement existé et se demander, s’il n’est pas une création de l’imagination religieuse ou la personnification d’un système doctrinal auquel ont collaboré, poussés par l’esprit d’une certaine époque, un grand nombre de moralistes et de philosophes. Nous voyons bien que la critique explique, par un procédé analogue, les grandes figures de Yyasa et d’Homère, et comme au surplus les buddhistes eux-mêmes sont arrivés à dire que l’illusion (mâyâ) conçut le Buddha d’un songe (1), que, pour les Chinois, Fo est devenu un un chin ou esprit et que, sous certain rapport, a il n’est rien d’où il vienne et rien où il aille (2) », le doute de l’existence historique de Siddhârtha loin d’être excessif, peut paraître juste et légitime. «Et qui que il fu, dieux le scet », disait déjà Marco-Polo, au sujet de Sagamoni (3).

Nous l’accordons, et néanmoins, en présence des images plastiques de Çâkyatatbâgata qui accusent nettement un portrait, la thèse de l’existence mythique du réformateur gardera toujours, si je ne me trompe, la valeur d’une présomption seulement. Certes, rien ne nous autorise à dire avec A. Rémusat, que le fils du roi de Kapilavastu soit le a seul type réel » d’après lequel les buddhas antérieurs « ont été créés après coup (4)», mais le fait du portrait est positif, et si on répond que ce caractère de portrait est bien plus celui d’un type général que celui d’un individu, comme cela vient à l’appui de l’opinion que j’ai émise de l’antériorité du buddhisme à Çâkya-

(1) Foe kone ki, p. 72.

(2) San tsang fa sou, liv. XXXV, ap. A. Rémusat, Foe koue ki, p. 191.

(3) Marc Pol, éd. P., p. 597.

(4) Foe koue ki, p. 187