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Senart (1), interprètent tous ces signes au sens symbolique, ramenant la personnalité du maître à l’existence purement légendaire d’une cycle astronomique dont Vishnu-Nârâyana serait le type. La protubérance du crâne, us finis ha, pour citer comme exemple de cette interprétation le premier signe, n’est pas le symbole d’une flamme pyramidale, sorte de gloire ou de nimbe, mais c’est tout bonnement une excroissance dont le crâne de Siddhârtha a été affligé, et la preuve est que dans les peintures cette protubérance a la couleur de la chair. Toutefois, on pourrait admettre aussi que cette élévation est là en guise d’ornement, qu’elle représente un joyau, un rubis, par exemple, ou quelqu’autre spath coloré en rouge. Dans un compte-rendu de l’exposition de l’extrême Orient, je lis : Le Buddha porte un camée dans les cheveux (2). Je m’en tiens cependant à l’excroissance, car la Relation de Fa hian porte (ch. XIII) que ce voyageur vit dans une chapelle de l’Afghanistan le crâne de Fo affecté d’une éminence à la partie supérieure. Je ne veux certes pas dire que l’os que vit le pèlerin chinois fut effectivement le crâne du buddha Çâkya ; mais il n’en est pas moins vrai que cette pièce anatomique, pour avoir été renouvelée peut-être comme la canne de Voltaire, prouve qu’on considérait la protubérance qui défigure bien plus qu’elle n’orne la tête du réformateur, comme ayant réellement existé, et non pas comme un symbole. Mais aujourd’hui l’exégèse mythique ou symbolique prévaut dans la critique. Ou symbole, ou allégorie, ou mythe, les critiques ne sortent pas de là. Ils affirment ainsi implicitement que les peuples avaient, au commencement de l’histoire, une capacité d’abstraction qu’on ne leur voit effectivement qu’au déclin d’une grande civilisation.

(1) La Légende du Buddha, dans le Journ. as., août 1873, p. 264.

(2) Dans la Revue l’Artiste, nov. 1873, p. 234.