Page:Schoebel - Le Buddhisme, 1874.djvu/20

Cette page n’a pas encore été corrigée
— 156 —

leurs intérêts sociaux et politiques, se virent mis à même de rétablir dans toute l’Inde leur ancienne suprématie de conquérants.

Finalement, l’œuvre du noble Siddhârtha, démentant le pronostic de son nom, a donc échoué ; elle a échoué contre la sauvage énergie de l’élément même que le rénovateur avait a si bien réussi » à épurer et à élever. Un insuccès tout pareil, mais plus rapidement encore, fut dévolu aussi à l’œuvre similaire de Lao-Tse, le contemporain du Sugata indien. Je dis similaire quant à la doctrine, et le fait se prouve a priori par l’extrême facilité avec laquelle les Taosse, les sectateurs de Lao, se firent buddhistes dans l’Asie centrale, au Tibet, dans l’Inde, partout enfin où ils se trouvèrent en relations suivies avec les adeptes du buddhisme (1). Plus tôt encore que le buddhisme, la doctrine du sage chinois avait dégénéré en une sorte d’alchimie grossièrement matérialiste, au moyen de laquelle les Taosse cherchaient à se rendre maîtres des secrets du monde physique et à réaliser la chimère d’une existence terrestre sans limites. La légende avait établi que Çâkyabuddha aussi s’était complu à poursuivre le même but, qu’il « vouloit aler cherchier celluy qui ne mourra jamais (2) ». Les plus raffinés de ces chercheurs, comme par exemple Tshang-Tshoun au temps de Tshingis-Khân, acquirent la réputation d’avoir obtenu le fantastique résultat de leurs travaux, et le conquérant mongol envoya quérir notre alchimiste pour qu’il lui fît profiter de sa recette (3). Et cette superstition essentiellement anarienne se transmit, par les Arsacides probablement, aux Perses, car nous voyons qu’au VIe siècle de notre ère, Khosrov-le-Grand envoya son médecin dans l’Inde à la recherche de l’herbe de l’immortalité. Mais au lieu d’une chose fabuleuse, le disciple d’Escu-

(1) Voy. Klaproth, note 7 au ch. XXIII du Foe koue ki, p. 230.

(2) Marc Pol, ch. 168, p. 591, édit. Pauthier.

(3) Palladius, Reise Tshang-Tshun’s nach dem Westen, dans Zeitsch. der Deutsch. Morgenl. Gesellsch., 1867, p. 500.