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délivrance de tout mal, par la connaissance de la nature dans sa cause qui est l’atome, anu, puis puggola (pudgala) la molécule. C’est là la science de la vérité, tattvajnâna, qui rend le sage l’égal de Lui, tat (1), le créateur, mais elle ne donne pas la félicité. Ce qu’elle donne sûrement c’est l’absence du mal, absence qui fait le non-être, l’état de l’Etre. C’est en lui que réside l’unité simple et immuable, comme en une sorte de monade.... Mais revenons à la doctrine de Siddhârtha.

Bien comprise et sagement pratiquée, elle ne manque ni de grandeur ni de consolation. Ce qui est certain, c’est que l’application en fait pressentir je ne sais quel charme enivrant, et, comme elle était pour ainsi dire dans le sang des indigènes, ce qui se voit surtout par ce fait que dès l’abord elle eut l’entière adhésion des femmes (2), on conçoit l’enthousiasme qu’elle inspira au peuple comme aussi l’éclat qu’elle a jeté sur le pays pendant plus de mille ans, sous le règne déjà de Candragupta, puis avec Açoka, son petit-fils, et enfin sous les rois Kanishka et Çîlâditya, ce qui nous conduit jusqu’au septième siècle de J. C. Mais déjà, sous ces derniers rois, et toujours davantage par la suite, bien des causes, qui sont à la charge des buddhistes pour une part égale au moins à celle qu’y prirent les brahmanes et leurs adeptes, bien des causes firent que les doctrines du Grand-Véhicule ou transport, mahâyâna, faisant peu de cas du bon sens et de la science (3), et rappellant ainsi la lata porta et la spatiosa via de l’Evangile, remplacèrent celles du Petit-Véhicule, hînaydna, avec lesquelles on songe à l’arcta via et à l’angusta porta évangéliques. Toutefois, le merveilleux y occupe déjà une

(1) Tat — Aum (— avam) — Brahman le fons omnium, la nature substantielle ou en substance. On a donc dans ce mot l’expression sommaire du panthéisme concret.

(2) Voir à ce sujet une légende (tous les faits sont, à peu d’exceptions près, à l’état de légendes dans le buddhisme) que rapporte Sp. Hardy, a manual of Budhism, p, 311.

(3) Hiouen thsang, p. 74.