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ou partie de la phrase et à mettre le verbe à l’état abstrait au lieu d’employer la forme temporelle (faits sur lesquels repose à vrai dire toute la syntaxe sanskrite) ne s’y manifeste cependant pas, et leur diction, de plus, n’est pas embarrassée de cet excès de composés qui, parce qu’ils indiquent la pensée plutôt qu’ils ne l’expriment, ou parce qu’ils ne l’expriment qu’à jets non-interrompus, font souvent, par leur concision, le désespoir du lecteur et surtout celui du traducteur. Il y a donc dans ces deux phrases une forte tendance vers cet arrangement de mots par lequel l’écrivain exercé exprime clairement les conceptions de son esprit et que nous appelons syntaxe. Si les écrivains indiens n’y sont jamais arrivés complétement, cela tient uniquement à ce que l’antique langue de l’Inde n’a pas été assez travaillée par la prose ; la littérature sanskrite est pauvre en prosateurs qui sont les sécularisateurs de la langue.

Je reviens à notre Rituel, qui continue, çl. 126 : « Le Brâhmane qui ne connaît pas le contre-salut d’un salut, ne doit pas être salué par un savant : il est comparable à un Çûdra. »

यी न वेत्त्यभिवादस्य विप्रः प्रत्यभिवादनं ।
नाभिवाद्यः स विहुषा यथा शूद्रस्तथैव सः ॥ २२६ ॥

Le commentateur avertit qu’il s’agit ici d’un brâhmane qui ne connaît pas la manière conventionnelle (अनुरूपम्) de répondre à une salutation. Il paraît que de tels brâhmanes ne sont pas rares dans l’Inde[1]. On les appelle Djâtibrâhmana, brahmane de

    Par exemple pour dire : quand il est présent, on dit par le locatif सन्निधौ dans la présence ; de même pour dire : le commerce entre (le mari et la femme) est admis, on dit locativement गमनप्राप्तौ dans l’admission du commerce.

  1. Voy. l’anecdote concernant un brâhmane de naissance, chez Burnouf, Intr. à l’hist. du Buddhisme, 139.