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indique son nom après avoir dit : C’est moi असावहम्भो. Le mot भो que nous verrons encore, a ici un sans emphatique comme si on appuyait sur le moi pour en faire ressortir l’excellence et frapper l’esprit par l’importance du nom qui va suivre. Nous verrons tout à l’heure que le Rituel assigne au mot bhô une tout autre place, et Kullûka, qui, en sa qualité de commentateur, ne se croit pas obligé à la modération d’un grammairien, telle que Pânini, par exemple, la professe constamment envers ses collègues dissidents ; je dis Kullûka, qui combat pour Manu comme s’il combattait pro aris et focis, n’accorde non plus aucune créance aux paroles de Sânkhyâyana : न तत् कस्यचित्सं मतम् cela n’est autorisé par personne, dit-il.

Le Rituel continue, çl. 123 : « L’homme instruit doit dire à ceux quels qu’ils soient qui ne connaissent pas le salut (accompagné) du nom propre : (C’est) moi, et mêmement à toutes les femmes. »

नामधेयस्य ये केचिदभिवादं न जानते ।
तान् प्राज्ञोऽ हमिति ब्रूयात् स्त्रियः सर्वास्तथैव च ॥ १२३ ॥

Par « ceux quels qu’ils soient », ये केचिद्, il faut entendre, suivant le commentaire, les gens qui, parce qu’ils ignorent le sanskrit, संसकृतानभिज्ञतया, ne connaissent pas le sens, अर्थं, du salut qu’accompagne la déclaration du nom, et l’homme instruit ou le connaisseur, प्राज्ञः : est celui qui pénètre la puissance de ce salut, शक्तिविज्ञो. Le savant répondra donc au salut de l’ignorant en lui disant simplement : c’est moi अहम्, ou : je te salue अभिवादयेहम्. Toutefois, quelle que soit la forme de la politesse, elle n’est jamais dépourvue d’aménité, ainsi que nous le voyons par nombre de textes. C’est toujours « comme en souriant, प्रहसन्निव,