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ne pourrait être que la description d’une méthode permettant de découvrir laquelle des réponses proposées est la vraie. En d’autres termes, en donnant un sens à la question, il l’a en même temps rendue logiquement répondable, bien qu’il ne puisse peut-être pas la rendre empiriquement soluble. Sans une telle explication, cependant, les mots « Quelle est la nature du temps ? » ne sont pas une question du tout. Si un philosophe nous confronte à une série de mots comme celle-ci et néglige d’en expliquer le sens, il ne peut s’étonner si aucune réponse n’est donnée. C’est comme s’il nous avait demandé : « Combien pèse la philosophie ? », auquel cas on voit immédiatement qu’il ne s’agit pas d’une question, mais d’un pur non-sens. Des questions comme « Peut-on connaître l’Absolu ? » et d’innombrables autres semblables doivent être traitées de la même manière que le « problème » de la nature du Temps.

Toutes les grandes questions philosophiques qui ont été discutées depuis l’époque de Parménide jusqu’à nos jours sont de l’une ou l’autre nature : soit nous leur donnons un sens précis par des explications et des définitions soigneuses et exactes, et alors nous sommes sûrs qu’elles sont solubles en principe, bien qu’elles puissent donner le plus grand mal au scientifique et même ne jamais être résolues en raison de circonstances empiriques défavorables, soit nous échouons à leur donner un sens, et alors ce ne sont pas des questions du tout. Dans un cas comme dans l’autre, le philosophe n’a pas à s’inquiéter. Ses plus grandes difficultés provenaient de son incapacité à faire la distinction entre les deux.