s’est révélée d’une importance fondamentale pour la méthode scientifique. Par exemple, elle a conduit Einstein, comme il l’admet lui-même, à la découverte de la Théorie de la Relativité. Il peut être empiriquement impossible de suivre ces prescriptions (comme voyager autour de la lune), mais cela ne peut pas être logiquement impossible. Car ce qui est logiquement impossible ne peut même pas être décrit, c’est-à-dire qu’il ne peut pas être exprimé par des mots ou d’autres moyens de communication.
La vérité de cette dernière affirmation est démontrée par une analyse de la « description » et de l’« expression » dans laquelle nous ne pouvons pas entrer ici. Mais en la considérant comme acquise, nous voyons qu’aucune question réelle n’est en principe — c’est-à-dire logiquement — sans réponse. Car l’impossibilité logique de résoudre un problème équivaut à l’impossibilité de décrire une méthode pour trouver sa solution ; et celle-ci, comme nous l’avons dit, équivaut à l’impossibilité d’indiquer le sens du problème. Ainsi, une question en principe sans réponse ne peut pas avoir de sens, elle ne peut pas être une question du tout : elle n’est qu’une suite de mots absurdes suivis d’un point d’interrogation. Comme il est logiquement impossible de donner une réponse là où il n’y a pas de question, cela ne peut être une cause d’étonnement, d’insatisfaction ou de désespoir.
Cette conclusion peut être rendue plus claire en considérant un ou deux exemples. Notre question sur le poids d’Homère a un sens, bien sûr, car on peut facilement décrire les méthodes de pesage des corps humains (même des poètes) ; autrement dit, la notion de poids est définie avec précision. Homère n’a probablement jamais été pesé, et il est empiriquement impossible de le faire aujourd’hui, puisque son corps n’existe plus ; mais ces faits accidentels ne modifient pas le sens de la question.
Ou prenons le problème de la survie après la mort. C’est une question qui a du sens, parce que nous pouvons indiquer des moyens de la résoudre. Une méthode pour s’assurer de sa propre survie consisterait simplement à mourir. Il serait également possible de décrire certaines observations de caractère scientifique qui nous amèneraient à accepter une réponse définitive. Que de telles observations n’aient pu être faites jusqu’à présent est un fait empirique qui ne peut entraîner un ignorabimus définitif à l’égard du problème.
Considérons maintenant la question : « Quelle est la nature du temps ? » Qu’est-ce que cela signifie ? Que signifient les mots « la nature de » ? Le savant pourrait, peut-être, inventer une explication, il pourrait suggérer des affirmations qu’il considérerait comme des réponses possibles à la question ; mais son explication