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au moins inconsciemment, et de la même manière il a toujours été reconnu comme du bon sens dans la vie de tous les jours ; le seul endroit où il a été négligé, c’est dans les discussions philosophiques. La science ne pouvait pas agir autrement, car toute son activité consiste à tester la vérité des propositions, et celles-ci ne peuvent être testées que sur la base de la force de notre principe.

Il arrive parfois, au cours du développement de la science, qu’un concept soit utilisé de manière vague, de sorte qu’il n’y a pas de clarté absolue quant à la vérification des propositions dans lesquelles le concept apparaît. Dans certaines limites de précision, les tests ordinaires de leur vérité peuvent suffire pendant des années ou des siècles, puis soudain une contradiction apparaît et oblige le scientifique à s’interroger soigneusement sur la signification de ses symboles. Il devra s’arrêter et réfléchir. Il s’arrêtera dans sa recherche scientifique et se tournera vers des méditations philosophiques jusqu’à ce que le sens de ses propositions soit devenu parfaitement clair pour lui.

L’exemple le plus célèbre de ce type, et qui restera à jamais gravé dans les mémoires, est l’analyse du concept de temps par Einstein. Sa grande réussite, qui est à la base de la théorie de la relativité restreinte, a consisté simplement à énoncer le sens des affirmations que les physiciens avaient l’habitude de faire sur la simultanéité d’événements en des lieux différents. Il a montré que la physique n’avait jamais été très claire sur la signification du terme « simultanéité », et que la seule façon de le devenir était de répondre à la question « comment la proposition (deux événements distants se produisent en même temps) est-elle réellement vérifiée ? » Si l’on montre comment se fait cette vérification, on a montré le sens complet de la proposition et du terme, qui n’a plus aucun sens. Tous les philosophes qui ont condamné les idées et la théorie d’Einstein (et certains les condamnent encore aujourd’hui) le font au motif qu’il existe une simultanéité dont la signification est comprise sans vérification. Ils l’appellent « simultanéité absolue ». Cela sonne très bien, mais malheureusement ces philosophes ne nous ont pas dit comment leur simultanéité peut effectivement être distinguée de celle d’Einstein ; ils n’ont pas été capables de nous donner le moindre indice sur la façon dont on peut jamais savoir si deux événements éloignés se produisent « absolument simultanément » ou non. Compte tenu de cela, je pense que nous devons prendre la liberté de considérer leur affirmation comme dénuée de sens.

Je viens de faire allusion à la différence entre l’attitude scientifique