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d’une autre manière, d’une manière « philosophique », qu’il croit être une interprétation cohérente, mais qui est en fait un abus métaphysique.

Notre discussion sur le « problème » de la « conscience » ou de l’« âme » d’autrui a montré que la confusion n’est pas seulement due à un usage négligent ou à un manque d’analyse des termes « conscience » ou « moi », mais qu’une mauvaise compréhension de l’« existence » y est également pour quelque chose. En effet, notre question aurait pu être formulée de la manière suivante : « La conscience, l’âme ou l’esprit existent-ils chez d’autres êtres vivants ? » Le même malentendu est à l’origine du problème absurde de « l’existence d’un monde extérieur ». Pour se débarrasser de ces questions dénuées de sens, il suffit de se rappeler, une fois pour toutes, que, puisque toute proposition exprime un fait en représentant sa structure, il doit en être de même pour les propositions affirmant l’« existence » d’une chose ou d’une autre. La seule signification qu’une telle proposition peut avoir est qu’elle représente une certaine structure de notre expérience. Cela a été clairement perçu même par Kant. Il l’a exprimé à sa manière en disant que la « réalité » était une « catégorie », mais de l’explication de sa propre pensée nous pouvons déduire que ce qu’il avait à l’esprit coïncide pratiquement avec l’interprétation que nous devons donner au terme « existence ». Selon cette interprétation, des questions telles que : « L’intérieur du soleil existe-t-il ? » « La terre a-t-elle existé avant d’être perçue par des êtres humains ? » etc. etc. ont un sens tout à fait juste, et il faut bien sûr y répondre par l’affirmative. Il existe certains moyens de vérifier ces réponses positives, certaines raisons scientifiques de les croire vraies, et elles nous assurent de la réalité des montagnes et des océans, des étoiles, des nuages, des arbres et de nos semblables par les mêmes méthodes d’observation ou d’expérience que celles par lesquelles nous apprenons la vérité de toute proposition. Si par « monde extérieur » nous entendons sa réalité empirique, son existence en tant que problème, et si le philosophe veut dire autre chose, s’il n’est pas satisfait de la réalité empirique, il doit nous dire ce qu’il veut dire. Il dit qu’il se préoccupe de la réalité « transcendante ». Nous ne comprenons pas ce mot et lui demandons une explication, qu’il peut donner en disant que « transcendant » se réfère à un véritable être métaphysique, et non à une simple réalité empirique. Si nous lui demandons ce que signifie cette distinction et comment une proposition affirmant l’existence transcendante de quoi que ce soit peut être vérifiée, il doit répondre qu’il n’y a aucun moyen de tester définitivement la vérité d’une telle proposition. Nous devons l’informer