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essayé de montrer que cela privait l’affirmation de son sens. Mais il y a aussi un usage légitime des mots esprit et matière, ou âme et corps, ou mental et physique. Il y a, par exemple, un sens parfait dans mes paroles lorsque je dis : « Je souffre de douleurs mentales et physiques », même s’il n’est pas facile d’obtenir une vision parfaitement satisfaisante du sens d’une telle phrase. Sans entrer dans des détails pour lesquels Nous n’avons pas la place ici, nous savons d’avance que les mots Esprit et Corps, lorsqu’ils sont utilisés légitimement, doivent en quelque sorte indiquer des structures logiques différentes, et nous pouvons soutenir que la différence entre ces structures doit se révéler en quelque sorte — ou plutôt n’est rien d’autre que — la différence entre la forme logique des propositions appartenant à la psychologie et celle des propositions appartenant à la science physique. (En d’autres termes : il y a deux langues qui diffèrent par les règles de grammaire logique que, pour des raisons de commodité, nous leur prescrivons, les mots dont elles sont formées. Les difficultés du soi-disant problème psychologique proviennent d’une confusion inconsidérée des deux langues. On ne peut pas utiliser dans une même phrase des règles de grammaire différentes et incompatibles entre elles sans dire des absurdités).

Ainsi, si nous utilisons le mot Esprit dans son sens non métaphysique et que nous le remplaçons par la phrase idéaliste, l’affirmation selon laquelle tout dans le monde est essentiellement mental devient : « Tous les faits réels peuvent être exprimés en langage psychologique ». Cette affirmation est très vague, car le langage de la psychologie, en raison de l’état primitif de cette science, est extrêmement fragmentaire, et les règles de sa grammaire sont plutôt mal définies ; — néanmoins, c’est une affirmation dont on peut dériver des propositions vérifiables particulières, des propositions empiriques qui peuvent être testées par l’observation. Pour autant que je sache, l’expérience ne nous donne aucune raison de croire que la structure de toutes les lois physiques est la même que celle des lois psychologiques, de sorte que le langage de ces dernières pourrait être utilise pour l’expression des premières. D’autre part, de nombreuses preuves empiriques semblent soutenir l’affirmation résultant de la transformation de la thèse « matérialiste » selon laquelle il n’y a pas de limites à l’applicabilité du langage de la physique. Il semble vrai que tous les faits et événements sans exception ont une forme logique qui se prête à une expression au moyen de concepts physiques. L’expérience semble montrer que tout processus que nous représentons habituellement par des phrases psychologiques employant des termes tels que : sentiment,