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il pensait avoir trouvé la clé de la compréhension ultime du monde de l’expérience.

Il ne considérait comme connaissance réelle et authentique que les propositions qui possédaient une validité absolue, c’est-à-dire dont on savait qu’elles étaient vraies en tout lieu et à tout moment. Ces propositions doivent être valides a priori, c’est-à-dire qu’elles ne peuvent pas être fondées sur l’expérience, car une proposition qui exprime un fait d’expérience n’est, en raison de sa définition même, valable que pour ce fait particulier, et nous ne pouvons pas savoir si elle sera également vraie pour des faits survenus à d’autres moments ou en d’autres lieux, tant que nous n’en avons pas fait l’expérience. Kant a bien fait d’insister sur le fait que le terme a priori ne doit pas être compris psychologiquement, mais logiquement : c’est-à-dire qu’un jugement a priori n’est pas un jugement qui est produit dans l’esprit sans aucune expérience préalable (cela n’arrive évidemment jamais, et si cela arrivait, le jugement pourrait ne pas être valide du tout), mais c’est un jugement dont la vérité n’est pas fondée sur l’expérience ; il ne viendrait pas à l’existence sans l’expérience, mais il n’en tire pas sa validité. Un jugement a posteriori, au contraire, doit sa validité à l’expérience, tout simplement parce qu’il n’est rien d’autre que l’expression d’un fait d’expérience. Cette distinction entre l’a priori psychologique et l’a priori logique, entre la genèse et la validité d’une proposition, n’avait pas été faite avec suffisamment de clarté par les prédécesseurs de Kant, en particulier Locke et Hume, mais elle est très utile pour éviter toute confusion. Dans toute discussion sur la validité des propositions, il est utile d’utiliser la terminologie de Kant, parce qu’avec son aide il est facile d’exprimer les différentes opinions possibles et d’exposer son propre point de vue.

Il suffit de mentionner la distinction bien connue entre les jugements synthétiques et les jugements analytiques. Les premiers sont des propositions qui, si elles sont vraies, contiennent et transmettent effectivement une certaine connaissance du monde ; les seconds sont, ce que nous avons appelé des tautologies, de simples formes vides qui ne transmettent aucune information sur la réalité ; (Kant a bien vu, bien sûr, que) toutes les propositions analytiques doivent être a priori : la validité d’une tautologie est tout à fait indépendante de l’expérience, car elle ne repose sur rien d’autre que sur les définitions des concepts qui y figurent ; si j’ai défini une planète, par exemple, comme un corps céleste se déplaçant autour du soleil, la validité de la proposition « toutes les planètes se déplacent autour du soleil » est certaine, elle n’a pas besoin et ne peut pas être établie par l’expérience, l’expérience ne peut pas la réfuter, car si je découvre qu’un certain corps céleste ne se déplace pas autour du soleil, je ne peux pas l’appeler une planète, parce que