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ne sera pas liée à la réalité, il ne sera pas une science, mais seulement un cadre possible pour une science.

Ceci est parfaitement vrai, et il est clair qu’en introduisant des symboles pour les structures à la place des variables originales, nous n’avons pas donné une signification définie aux symboles, mais nous avons reporté la décision concernant la signification. Il serait absurde de supposer que nous pouvons donner une signification à notre système en introduisant des signes nouveaux et plus compliqués, d’autant plus que tout le monde connaît parfaitement la manière dont l’interprétation d’un système formel est effectivement donnée par le scientifique : elle se fait par l’observation.

Dans le cas du physicien, l’observation prend toujours la forme stricte que l’on appelle la mesure. Les relations entre ce qui est effectivement observé ou mesuré et les quantités qui apparaissent finalement dans les équations exprimant les lois de la nature sont extrêmement compliquées, mais nous n’avons pas à nous en préoccuper. Il suffit de remarquer que l’ensemble du processus conduit à l’établissement d’une relation univoque entre une valeur particulière d’une certaine grandeur physique et un fait d’observation particulier. En d’autres termes : il est stipulé — enfin par un accord arbitraire — que la proposition « Dans telles et telles circonstances… » (ici l’appareil et l’ensemble du processus) doit être considérée comme un fait d’observation. (l’appareil et l’ensemble de la procédure doivent être décrits avec précision), tel fait est observé « est équivalente à la proposition : « La quantité untel a la valeur untel ». Il s’agit simplement de la définition de la quantité : c’est la manière dont le signe dénotant la quantité est relié à la réalité.

L’observation implique un contenu ( « données de la conscience » selon la manière discutable ordinaire de parler), et c’est justement parce qu’elle implique un contenu qu’elle peut relier nos symboles au monde (réel) — ou plutôt devrais-je dire : les deux expressions « impliquant un contenu » et « reliant à la réalité » sont équivalentes dans leur utilisation.

Maintenant, nous sommes enfin prêts à voir avec une parfaite clarté le rôle que joue le contenu lorsque nous cherchons à déterminer le sens de nos symboles et de nos propositions et, comme nous le savions déjà, ce rôle s’avère tel que le contenu est laissé entièrement à l’extérieur de notre langage et de nos expressions.

Considérons en effet ce qui se passe dans une « observation ». Nous supposons qu’elle se fait visuellement, par exemple en regardant dans un télescope et en observant une ligne spectrale bleue coïncider avec une marque noire dans le champ