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Dans le développement de la science au cours des deux ou trois dernières décennies, la possibilité et la nécessité d’une distinction nette entre la forme et le contenu sont devenues de plus en plus claires, et l’importance primordiale de la structure a été plus pleinement reconnue. L’émergence progressive de cette vérité — qui n’a pas encore atteint la pleine lumière — me semble être la plus grande réussite de l’épistémologie moderne.

La séparation de la Forme et du Contenu a une histoire de plusieurs siècles : elle a d’abord pris une forme métaphysique dans la philosophie d’Aristote ; depuis lors, la frontière entre la Structure et la Matière s’est continuellement déplacée dans une direction jusqu’à ce qu’à notre époque, les dernières traces de contenu, pour ainsi dire, aient été enlevées, et que la Forme pure se soit révélée comme étant purement Logique.

La science n’est pas un ensemble de connaissances factuelles (énoncés de faits), mais un système de connaissances explicatives (description par des lois). Plus elle se perfectionne, c’est-à-dire plus ses propositions s’enchaînent logiquement, plus le caractère formel de la connaissance devient évident, même pour un œil non averti : la science se pare d’habits mathématiques. Bien que cet habit soit parfois considéré avec un mélange de crainte et de mépris même par les philosophes, les vrais grands penseurs de tous les temps, de Platon et Démocrite à Leibniz et Kant, ont toujours été bien conscients qu’il n’y a aucun espoir pour l’analyse philosophique si elle ne part pas d’une compréhension de la connaissance dans sa forme la plus stricte, c’est-à-dire sous sa forme mathématique.

La connaissance a atteint son stade le plus avancé dans la physique théorique, et c’est à elle que nous devons nous adresser pour comprendre la science. (Nous jetterons plus tard un coup d’œil sur d’autres domaines de la connaissance et nous verrons que tout reste vrai pour eux. Nous ne pouvons pas nous adresser aux mathématiques pures parce que — cela peut paraître étrange mais c’est une conséquence nécessaire de la terminologie que nous avons adoptée — elles ne contiennent aucune connaissance authentique. Ce n’est pas une science, mais un instrument de la science qui sert à formuler des vérités scientifiques et à représenter correctement les liens qui les unissent. Elle n’exprime rien en soi, mais est la méthode ou la technique purement analytique de transformation d’expressions équivalentes les unes dans les autres).

La physique théorique, si nous ne la considérons pas en cours d’élaboration (bien que, bien sûr, elle soit toujours en cours d’élaboration) mais comme un système achevé, consiste en un nombre indéfini de propositions appelées lois de la nature ; elles sont