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nous devons ici nous contenter de considérer un ou deux exemples qui nous éclaireront sur la situation.

Les plus grands systèmes métaphysiques et ceux qui ont eu le plus grand nombre de partisans sont les systèmes « idéalistes ». Qu’est-ce que la doctrine de l’idéalisme métaphysique et pourquoi exerce-t-elle une telle fascination sur les philosophes ? Elle affirme que l’essence réelle de toutes les choses est de la même nature que celle dont nous faisons l’expérience dans notre propre conscience ; et comme les données de la conscience ont le caractère d’« idées », leur point de vue est appelé idéalisme. Je pense qu’il est très clair comment ces phrases doivent être interprétées. Elles révèlent le désir du philosophe de devenir aussi intimement familier avec toutes les choses qu’il l’est avec le contenu de sa propre conscience. C’est le seul endroit où le moi coïncide avec la réalité, où le connaisseur est identique au connu. Et, poursuit-il, si en ce seul endroit je découvre que la réalité est « mentale » (c’est-à-dire qu’elle est constituée de l’étoffe dont sont faites les idées), je suis fondé à en déduire par analogie qu’il en sera de même pour toutes les autres parties de la réalité avec lesquelles il se trouve que je ne suis pas aussi intimement en accointance.

Après tout ce que nous avons dit sur la nature de la connaissance, la logique pitoyable de ce raisonnement doit être claire. Ce n’est pas, bien sûr, que nous trouverions à redire à la déduction par analogie, s’il y avait une déduction, mais en fait il n’y en a pas, car toutes ces phrases sont dépourvues de sens. On remarque les efforts désespérés pour dire quelque chose sur le contenu : ce avec quoi nous sommes immédiatement accointances est déclaré « mental ». Qu’est-ce que cela veut dire ? Rien, car évidemment « contenu de la conscience », « ce dont nous sommes immédiatement conscients » et « mental » sont, dans ce contexte, des termes absolument équivalents, et nous ne disons rien lorsque nous attribuons l’un à l’autre. Et nous ne disons rien non plus lorsque nous attribuons à l’un d’eux l’« essence réelle » ou la « nature profonde » d’une chose. Car, par ces dernières expressions, le métaphysicien veut indiquer la chose telle qu’elle nous serait donnée en intuition si nous pouvions y pénétrer, si notre esprit ou notre conscience pouvait devenir identique à elle ; ainsi, en sous-titrant ce sens dans l’énoncé du métaphysicien, nous le voyons affirmer que toutes les choses, si elles pouvaient entrer complètement dans notre conscience, seraient mentales, c’est-à-dire des contenus de notre propre esprit — ce qui ne serait rien d’autre qu’une pitoyable tautologie, même si la partie hypothétique de la phrase avait un quelconque sens. Mais elle n’a aucun sens, car il est absurde de parler de