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II. La Nature de la Connaissance.

Quelle est la nature de la connaissance ? En posant cette question, nous utilisons le mot « connaissance » dans le sens particulier où il désigne l’objet et le but de toute démarche scientifique. (Qu’est-ce que l’on cherche vraiment dans une recherche scientifique désintéressée ?)

La pensée scientifique n’est pas fondamentalement différente de la pensée quotidienne, elle n’en est qu’un stade supérieur. La connaissance scientifique est le prolongement de la connaissance pratique, celle dont l’être humain a besoin pour exister et bien vivre. Il ne peut pas vivre sans savoir et sans penser, parce qu’il n’a pas la direction fiable des instincts par lesquels les animaux sont guidés de manière relativement sûre à travers les difficultés de la vie. La nature a au contraire doté l’homme de la raison, et la raison est un outil et un guide bien meilleur que l’instinct, parce qu’elle est infiniment plus adaptable et flexible. L’instinct est rigide, il ne s’adapte qu’à un type particulier de situation, alors que la raison s’adapte elle-même et est donc capable de prescrire les actions appropriées (c’est-à-dire les plus utiles) pour n’importe quelle situation. (Cette possibilité apparaît immédiatement lorsque l’on analyse la nature de la connaissance).

Qu’est-ce qui est requis pour obtenir la meilleure adaptation possible d’un être vivant à son environnement ? (Il est évident qu’il est nécessaire que toutes ses activités soient ajustées à des circonstances qui changent continuellement). Chaque situation sera un peu différente de toutes les situations précédentes, et il arrivera parfois que l’organisme soit confronté à des circonstances entièrement nouvelles qui semblent n’avoir aucune ressemblance avec les expériences antérieures. (Un organisme parfaitement adapté doit être préparé à tout, mais l’instinct ne peut le préparer qu’à un nombre limité de cas typiques parce qu’il est formé par des circonstances qui se répètent continuellement pendant de nombreuses générations).

Comment la raison humaine parvient-elle à préparer l’homme à l’imprévu ? Comment peut-elle prévoir ce qu’il faut faire dans un cas qu’elle n’a jamais connu auparavant ? Certainement pas au moyen d’un pouvoir miraculeux