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construction particulière correspond à un fait particulier ? Dans un certain sens, c’est possible, mais avant de tirer d’autres conclusions, nous ferons bien de remarquer qu’une étude psychologique de la manière dont une langue est apprise peut ne pas nous aider du tout à comprendre la nature de la langue en général. Le philosophe ne s’intéresse qu’à l’essence ou à la possibilité de l’expression, le psychologue doit tenir cette possibilité pour acquise et ne montre que la manière dont l’enfant qui apprend s’en sert.

En réalité, l’Expression est tout à fait différente de la simple Représentation, elle est beaucoup plus et ne peut en être dérivée. La véritable parole est quelque chose d’entièrement nouveau par rapport à la simple répétition de signes dont la signification a été apprise par cœur. Un perroquet prononce des phrases significatives, mais il ne « parle » pas vraiment au sens propre du terme.

Il est vrai, bien sûr, que le langage est composé de mots et que les mots sont des symboles au sens expliqué, mais cela n’explique pas la possibilité de s’exprimer. Si le langage n’était qu’un système de signes aux significations figées, il ne serait jamais capable de communiquer des faits nouveaux. Si sa fonction consistait uniquement à représenter des pensées ou des faits au moyen de symboles, il ne pourrait représenter que des pensées ou des faits auxquels un signe aurait été préalablement attaché ; un fait nouveau serait un fait auquel aucun symbole n’aurait été attribué, il serait donc impossible de le communiquer. Il faudrait autant de signes (noms) que de faits ; si un fait nouveau se produisait, il ne pourrait pas être mentionné, car il n’y aurait pas de nom pour l’appeler.

Cet état de fait est très clair dans ce que l’on appelle souvent le « langage » de certains animaux comme les abeilles et les fourmis. Leurs moyens de communication ne sont pas du tout un langage au sens où nous l’entendons, mais seulement un certain nombre de signes ou de signaux, dont chacun représente une catégorie particulière de faits, comme « il y a du miel », « il y a du danger », etc. Dans le cas du perroquet, il y a, dans la plupart des cas, encore moins que cela, ses mots n’étant généralement que de simples répétitions mécaniques de sons. Les signaux des abeilles et des fourmis représentent ou indiquent certains événements, ils ne les expriment pas. Ils sont limités à ces types particuliers d’événements et ne peuvent représenter rien d’autre.

La caractéristique essentielle du langage, en revanche, est sa capacité à exprimer des faits, ce qui implique la capacité d’exprimer