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Dans la première conférence que j’ai eu le plaisir de prononcer ici il y a quelques mois, j’ai essayé de donner une brève esquisse de la nature et de la méthode de la philosophie ; et j’ai parlé de la position que je pense que la philosophie prendra dans l’avenir après que sa vraie nature aura été plus généralement et plus correctement comprise.

Aujourd’hui, j’essaierai d’esquisser les résultats d’une application cohérente de la véritable méthode philosophique à un ou deux des grands problèmes traditionnels. Il y a différentes façons d’aborder la philosophie, mais la plus naturelle est de partir d’un problème fondamental autour duquel tous les autres problèmes semblent se regrouper dans un ordre systématique.

Le problème central par lequel je voudrais commencer est la question : « Que pouvons-nous savoir ? ». Il s’agit d’une question véritablement fondamentale. Kant a parlé de cette question comme de l’une des trois grandes questions auxquelles la métaphysique doit répondre. Aucun autre problème n’est à l’origine d’une division aussi nette entre les différentes écoles philosophiques et la réponse donnée à cette question caractérise mieux que toute autre chose les systèmes philosophiques et les attitudes mentales.

Nous trouvons en nous une soif de connaissance, un désir d’explication, une envie de réponses à des questions sans fin ; et tout penseur a des moments dans sa vie où il se demande. « Cette soif peut-elle être étanchée ? Ce désir de connaissance peut-il être satisfait, et si oui, jusqu’où peut-il l’être ? » En d’autres termes, le problème semble être le suivant : « Quelles sont les questions auxquelles on peut répondre ? »

Deux positions extrêmes peuvent être adoptées à l’égard de cette question. L’une consisterait à répondre : « Nous ne pouvons rien savoir ; aucune question ne peut recevoir de réponse définitive. » Et l’autre serait de dire : « Nous pouvons tout savoir, et il n’y a pas de question à laquelle l’esprit humain ne puisse finalement répondre ». La première de ces attitudes s’appelle le scepticisme, et la seconde s’appellerait peut-être le dogmatisme. Le sceptique doute de tout, et le dogmatique ne tolère pas que ses croyances fondamentales soient touchées par le moindre doute.