Page:Schlick - Gesammelte Aufsätze (1926 - 1936), 1938.djvu/167

Cette page n’a pas encore été corrigée

scientifiques. La plupart des livres de philosophie semblent, je dois l’avouer, ridicules lorsqu’on les juge du point de vue le plus élevé. Ils ont toutes les apparences de livres extrêmement scientifiques parce qu’ils semblent utiliser le langage scientifique. Toutefois, la recherche du sens ne peut se faire de la même manière que la recherche de la vérité. Cette différence apparaîtra beaucoup plus clairement à l’avenir. Il y a beaucoup de vérité dans la manière dont Schopenhauer (bien que sa propre pensée me semble très imparfaite) décrit le contraste entre le vrai philosophe et le savant académique qui considère la philosophie comme un sujet de recherche scientifique. Schopenhauer avait une idée très claire lorsqu’il parlait avec mépris de la « philosophie professorale des professeurs de philosophie ». Son opinion était qu’il ne fallait pas essayer d’enseigner la philosophie du tout, mais seulement l’histoire de la philosophie et la logique ; et il y a beaucoup à dire en faveur de ce point de vue.

J’espère qu’on ne m’a pas compris comme si je préconisais une séparation réelle entre le travail scientifique et le travail philosophique. Au contraire, dans la plupart des cas, les futurs philosophes devront être des scientifiques parce qu’il leur sera nécessaire d’avoir une certaine matière sur laquelle travailler — et ils trouveront des cas de sens confus ou vague en particulier dans les fondements des sciences. Mais, bien sûr, la clarification du sens sera également très nécessaire dans un grand nombre de questions qui nous préoccupent dans notre vie humaine ordinaire. Certains penseurs, et peut-être certains des esprits les plus forts parmi eux, peuvent être particulièrement doués dans ce domaine pratique. Dans ce genre de situation, le philosophe peut ne pas avoir besoin d’être un scientifique — mais dans tous les cas, il doit être un homme de compréhension profonde. En bref, il devra être un homme sage.

Je suis convaincu que notre point de vue sur la nature de la philosophie sera généralement adopté à l’avenir ; et la conséquence sera que l’on n’essaiera plus d’enseigner la philosophie en tant que système. Nous enseignerons les sciences spéciales et leur histoire dans le véritable esprit philosophique de recherche de la clarté et, ce faisant, nous développerons l’esprit philosophique des générations futures. C’est tout ce que nous pouvons faire, mais ce sera un grand pas dans le progrès intellectuel de notre espèce.