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par exemple en montrant du jaune ; elle ne peut pas être donnée dans une proposition. La philosophie, la « recherche du sens », ne peut donc pas consister en propositions ; elle ne peut pas être une science. La recherche du sens n’est donc rien d’autre qu’une sorte d’activité mentale.

Notre conclusion est que la philosophie a été mal comprise lorsqu’on a pensé que les résultats philosophiques pouvaient être exprimés dans des propositions, et qu’il pouvait y avoir un système de philosophie consistant en un système de propositions qui représenteraient les réponses aux questions « philosophiques ». Il n’existe pas de vérités « philosophiques » spécifiques qui contiendraient la solution de problèmes « philosophiques » spécifiques, mais la philosophie a pour tâche de trouver le sens de tous les problèmes et de leurs solutions. Elle doit être définie comme l’activité de découverte du sens.

La philosophie est une activité, pas une science, mais cette activité, bien sûr, est continuellement à l’œuvre dans chaque science, car avant que les sciences puissent découvrir la vérité ou la fausseté d’une proposition, elles doivent d’abord en trouver le sens. Et parfois, au cours de leur travail, elles sont surprises de découvrir, par les résultats contradictoires auxquels elles parviennent, qu’elles ont utilisé des mots dont le sens n’était pas parfaitement clair, et elles doivent alors se tourner vers l’activité philosophique de clarification, et elles ne peuvent pas poursuivre la recherche de la vérité avant que la recherche du sens n’ait été couronnée de succès. En ce sens, la philosophie est un facteur extrêmement important au sein de la science et elle mérite bien de porter le nom de « Reine des sciences ».

La Reine des sciences n’est pas elle-même une science. C’est une activité qui est nécessaire à tous les scientifiques et qui imprègne toutes leurs autres activités. Mais tous les vrais problèmes sont des questions scientifiques, il n’y en a pas d’autres.

Et qu’en est-il de ces grandes questions qui ont été considérées — ou plutôt admirées — comme des « problèmes philosophiques » spécifiques pendant tant de siècles ? Il faut ici distinguer deux cas. En premier lieu, il y a un grand nombre de questions qui ressemblent à des questions parce qu’elles sont formées selon un certain ordre grammatical, mais qui néanmoins ne sont pas de vraies questions, puisqu’on peut facilement montrer que les mots, tels qu’ils sont assemblés, n’ont pas de sens logique.

Si je demandais, par exemple : « Le bleu est-il plus identique que la musique ? » vous verriez immédiatement que cette phrase n’a pas de sens, bien qu’elle ne viole pas les règles de la grammaire anglaise. La phrase n’est pas du tout une question,