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Einstein a été le premier à le clarifier et à éliminer certaines hypothèses injustifiées concernant le temps qui avaient été formulées sans que personne n’en soit conscient. Il s’agit là d’un véritable succès philosophique — la découverte du sens par la clarification logique d’une proposition. Je pourrais multiplier les exemples, mais peut-être ces deux-là suffiront-ils. Nous voyons que le sens et la vérité sont liés par le processus de vérification ; mais le premier est trouvé par une simple réflexion sur les circonstances possibles dans le monde, tandis que la seconde est décidée en découvrant réellement l’existence ou la non-existence de ces circonstances. La réflexion dans le premier cas est la méthode philosophique dont la démarche dialectique de Socrate nous a fourni l’exemple le plus simple.

D’après ce que j’ai dit jusqu’à présent, il pourrait sembler que la philosophie devrait simplement être définie comme la science du sens, comme, par exemple, l’astronomie est la science des corps célestes, ou la zoologie la science des animaux, et que la philosophie serait une science au même titre que les autres sciences, sauf que son sujet serait différent, à savoir le « sens ». C’est le point de vue adopté dans un excellent livre. « La Pratique de la philosophie », de Susanne K. Langer. L’auteur a très clairement vu que la philosophie a à voir avec la recherche du sens, mais elle pense que la recherche du sens peut conduire à une science, à « un ensemble de propositions vraies » — car c’est là l’interprétation correcte du terme « science ». La physique n’est rien d’autre qu’un système de vérités sur les corps physiques. L’astronomie est un ensemble de propositions vraies sur les corps célestes, etc.

Mais la philosophie n’est pas une science dans ce sens. Il ne peut y avoir de science du sens, car il ne peut y avoir d’ensemble de propositions vraies sur le sens. La raison en est que pour parvenir au sens d’une phrase ou d’une proposition, il faut aller au-delà des propositions. En effet, nous ne pouvons pas espérer expliquer le sens d’une proposition simplement en présentant une autre proposition. Lorsque je demande à quelqu’un : « Quel est le sens de ceci ou de cela ? », il doit répondre par une phrase qui essaierait de décrire le sens. Mais il ne peut finalement pas y parvenir, car sa phrase de réponse ne serait qu’une autre proposition et je serais parfaitement justifié de lui demander : « Qu’entendez-vous par là ? » Nous pourrions alors continuer à définir ce qu’il veut dire en utilisant des mots différents, et répéter sans cesse sa pensée en utilisant de nouvelles phrases. Je pourrais toujours demander : « Mais que signifie cette nouvelle