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par exemple, Socrate demande « Qu’est-ce que la justice ? » ; il reçoit diverses réponses à sa question et, à son tour, il demande ce que l’on veut dire par ces réponses, pourquoi un mot particulier a été utilisé de telle ou telle manière, et il s’avère généralement que son disciple ou son adversaire n’est pas du tout au clair sur sa propre opinion. En bref, la philosophie de Socrate consiste en ce que nous pourrions appeler « la Recherche de la Signification. » Il a essayé de clarifier la pensée en analysant la signification de nos expressions et le sens réel de nos propositions.

Nous trouvons donc ici un contraste décisif entre cette méthode philosophique, qui a pour objet la découverte de la signification, et la méthode des sciences, qui ont pour objet la découverte de la vérité. En fait, avant d’aller plus loin, permettez-moi de dire brièvement et clairement que je crois que la Science devrait être définie comme la « recherche de la vérité » et la philosophie comme la « recherche de la signification. » Socrate a donné l’exemple de la véritable méthode philosophique pour tous les temps. Mais je vais devoir expliquer cette méthode d’un point de vue moderne.

Lorsque nous faisons une déclaration sur quelque chose, nous le faisons en prononçant une phrase et la phrase représente la proposition. Cette proposition est soit vraie, soit fausse, mais avant de pouvoir savoir ou décider si elle est vraie ou fausse, nous devons savoir ce que dit cette proposition. Nous devons d’abord connaître la signification de la proposition. Une fois que nous en connaîtrons le sens, nous pourrons peut-être déterminer si elle est vraie ou fausse. Ces deux choses sont bien sûr indissociables. Je ne peux pas découvrir la vérité sans connaître la signification, et si je connais la signification de la proposition, je connaîtrai au moins le début d’un chemin qui mènera à la découverte de la vérité ou de la fausseté de la proposition, même si je suis incapable de la trouver pour le moment. Je pense que l’avenir de la philosophie dépend de cette distinction entre la découverte du sens et la découverte de la vérité.

Comment décidons-nous du sens d’une proposition, ou de ce que nous voulons dire par une phrase prononcée, écrite ou imprimée ? Nous essayons de nous présenter la signification des différents mots que nous avons appris à utiliser, puis nous nous efforçons de trouver un sens à la proposition. Parfois nous y parvenons, parfois nous n’y parvenons pas ; ce dernier cas se produit, malheureusement, le plus souvent avec des propositions qui sont censées être « philosophiques. » — Mais comment pouvons-nous être tout à fait sûrs que nous savons et comprenons vraiment ce que nous voulons dire lorsque nous faisons une affirmation ? Quel est le critère ultime de