Page:Schleiermacher - Discours sur la religion, trad. Rouge, 1944.djvu/70

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Dans la suite, et jusqu’à la fin de ce troisième discours, l’auteur insiste, non sans bien des redites et de la confusion, sur trois directions dans lesquelles, d’après lui, l’homme peut chercher à saisir, par l’intuition religieuse, l’Infini dans le fini. Les deux premières nous sont connues : celle orientée vers le dedans, et celle orientée vers le dehors. Il en ajouté ici une troisième, orientée celle-là vers le beau, tel que celui-ci apparaît, soit dans la nature, soit dans l’art, œuvre de l’homme. Arrêtons-nous d’abord, aux deux premières de ces directions, en nous en tenant à ce qui est dit ici de nouveau à leur sujet.

On sent bien là ce que son idéalisme a de plus schellingien que fichtéen. Dans les dernières pages, 170-173, de ce discours, il parle de la philosophie nouvelle que professent ses amis, et qui les aidera à être les restaurateurs de la religion. Cette philosophie, en effet, dit-il, enseigne à l’homme son rapport de réciprocité avec le monde, d’où résulte qu’il est à la fois créature et créateur (assagi en 1806 en « membre vivant et cocréateur de l’ensemble »). Elle lui enseigne que celui qui cherche en lui-même l’Univers le trouve, car en lui il trouve tout. Elle lui enseigne que la séparation est tombée entre lui et le monde, que tout ce qui est hors de lui est aussi en lui, que tout est reflet de son esprit comme son esprit est décalque de tout. En d’autres termes, elle lui ouvre une double voie, hors de lui et en lui, pour s’élever, par la conscience qu’il prend de l’unité foncière du principe spirituel de l’Univers, à l’intuition du divin, au sentiment religieux.

Schleiermacher ne manque pas de signaler l’appui que cette philosophie trouve dans les récentes découvertes scientifiques. Les phénomènes électriques et galvaniques apparaissent comme le jeu de forces, de courants, manifestations inconscientes du même principe qui, dans l’homme, apparaît comme conscience. C’est la connaissance de la parenté entre ces forces et celle de l’esprit humain qui permet à l’homme de s’installer « au centre de la nature », puisque son esprit est le principe commun de la nature inanimée et de l’âme humaine ; et cela lui permet de mesurer la puissance de ces forces telles que les manifeste la diversité des phénomènes, de l’extrême périphérie du monde au centre de son moi et inversement. À travers ces particularisations,