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où sa pensée et son sentiment s’écartent le plus de la piété chrétienne traditionnelle.

Il ne s’en est cependant guère moins éloigné dans sa très libre interprétation d’autres articles de foi, qui figurent aussi parmi les croyances fondamentales du christianisme positif (pages 115-121).

Que sont les dogmes ? Quelques-uns ne sont que l’expression abstraite de certaines intuitions religieuses, d’autres le résultat de la réflexion sur des données immédiates du sens religieux, et naturellement d’après Schleiermacher ce sont ces intuitions, ces données qui constituent la vérité réelle et vivante des dogmes.

Qu’est-ce que le surnaturel, miracles, inspirations, révélations ? Miracle est le nom religieux de n’importe quel fait, serait-il le plus naturel et le plus ordinaire, qui se prête à ce qu’on le sente en rapport direct avec l’infini ou l’Univers, en d’autres termes, qui se prête à être objet de l’intuition religieuse.

Qu’est-ce qu’une révélation ? Toute intuition de l’Univers originale et nouvelle en est une.

Que sont les prophéties ? Toute anticipation de la seconde moitié d’un événement religieux, quand la première est donnée, est une prophétie.

Que sont les grâces ? Tous les sentiments religieux sont surnaturels, car ils ne sont religieux que dans la mesure où ils sont l’effet direct de l’action sur nous de l’Univers, et c’est à chaque individu de juger si, en lui, ils ont ce caractère. Encore une fois, ceux chez qui la foi n’est pas vivifiée par de telles expériences personnelles n’ont qu’une religion d’emprunt.

Sans doute, la plupart des hommes ont besoin d’un initiateur et guide (pages 121-123). Schleiermacher emploie ici le terme Mittler, médiateur, supprimé en 1800, pour désigner celui qui doit éveiller en eux le sens religieux et lui donner sa première direction. Mais ce devrait être là une phase transitoire. Chacun doit arriver à voir de ses propres yeux dans ce domaine, et à l’enrichir de son apport personnel.

Cette conviction amène Schleiermacher à formuler son sentiment sur les livres sacrés en général. Il ne voit en eux, comme il faut s’y attendre, aucune révélation surnaturelle, source unique d’une vérité éternelle. Il déclare, page 122 :