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d’autres comme génie de l’humanité, ou comme individu absolument distinct de l’humanité, page 125, et comme personnalité. La notion de personnalité, essentielle pour le christianisme positif, n’a à ses yeux qu’une importance très minime, page 129, cf. 186, 256-258, 274.

Sa pensée intime se révèle dans des déclarations telles que : « Une religion sans Dieu peut être meilleure qu’une autre avec Dieu », page 126. « Dans la religion, l’idée de Dieu n’est par conséquent pas aussi importante que vous le pensez », page 130. « Dans la religion, Dieu n’est pas tout, il est un élément (Eins) et l’Univers est davantage », page 133.

Le spinoziste en lui est sûrement beaucoup plus près de l’immanence que de la transcendance. Nous l’entendrons insister, non sans protester à l’avance, comme il fera toujours, comme font tous ces monistes spiritualistes, contre toute inculpation de panthéisme, sur le fait que l’Univers, l’Infini, le Divin, peut être perçu et contemplé intuitivement en tout, absolument en tout, parce qu’il est en tout, absolument en tout, dans le fait ou l’être le plus particulier, comme dans la loi la plus générale. On a souvent l’impression que son Divin n’a pas d’autre existence que celle ainsi impliquée, qu’il n’a pas d’être à part.

Mais, de beaucoup des termes employés ressort cependant que, d’après le romantique, ce Divin ne se confond pas avec la nature matérielle. D’abord, il est au sein de la nature un principe agissant. L’auteur insiste beaucoup sur ce fait, pages 129-130, cf. 55-58, 67, 80, 107, 108. C’est par ses actes ou son activité, Handeln, Handlungen, Wirken, exercés sur les hommes, que le Divin se manifeste à eux. Cette conception s’accorde avec ce qu’il y a de dynamistique dans ce romantisme ; on peut rappeler ici le « au commencement était l’action », de Faust. Mais que faut-il entendre par ces « actes » ? Tout ce qui frappe les sens et l’esprit, toutes les réalités apparentes, finies, car tout fini, comme nous le verrons, est manifestation de l’Infini, et n’est rien d’autre en réalité.

D’autre part, et c’est de beaucoup le plus important, ce principe est un principe spirituel. L’auteur l’appelle une quinzaine de fois l’Esprit du monde, der Weltgeist, ou de l’Univers, ou de la Divinité, ou du Tout, l’Esprit qui dirige le Tout, page 100, dont toute existence est l’œuvre et la