Page:Schleiermacher - Discours sur la religion, trad. Rouge, 1944.djvu/12

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des éditions ultérieures, par l’évocation de l’ambiance intellectuelle, à rendre plus aisément intelligible et plus fortement sensible ce qui nous annonce ici déjà le réformateur de la Réforme, ce qu’il y a de plus général comme de plus personnel, de plus vivant, vital et vivace, dans les idées par lesquelles ce protestant très libéral cherche à intéresser et à gagner, au christianisme tel qu’il le conçoit, « les esprits cultivés parmi les contempteurs de la religion, », auxquels il déclare et entend s’adresser.

Pour faciliter le travail des spécialistes de l’histoire de la religion ou de celle du romantisme qui désireraient se reporter au texte original, les références renvoient à la pagination de la première édition, indiquée entre crochets au début de la ligne approximativement correspondante de la traduction.

VIE DE SCHLEIERMACHER

Schleiermacher est né le 21 novembre 1768, quatre ans après Fichte, un an après A.-W. Schlegel, quatre avant Fr. Schlegel et Novalis, cinq avant Tieck et Wackenroder. Il appartient donc en plein, chronologiquement, à la génération du premier romantisme allemand. Il y est un des aînés et, du fait de son âge, mais plus encore du fait de sa précoce maturité, de son caractère, de la conduite de sa vie, il est et restera un des plus équilibrés de l’école qui, dans les années 1796 à 1802, statue avec tant de téméraire confiance une conception du monde et de la vie d’une si riche et rénovatrice, mais trouble et dangereuse complexité.

Il est né en Silésie, à Breslau, dans l’Est. À vrai dire, il y est né parce que son père avait été amené là par les contingences de sa vie professionnelle, venant de l’Ouest. Mais c’est dans cette région, dans le piétisme qui s’y est particulièrement développé, que son enfance s’est formée, et Nadler le rattache à la longue lignée qui, dans cette Lusace silésienne, continue la tradition de la mystique