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sont une partie intégrante, en nous laissant guider dans cette recherche par l’étude comparée des langues.

On peut dire que cette étude, traitée méthodiquement, est une science toute de nouvelle création ; et il est à présumer qu’à cause de cela même, elle n’est pas encore appréciée par tout le monde à sa juste valeur.

L’étymologie est mal famée, comme une science futile, arbitraire dans ses procédés, équivoque, incertaine ou manifestement erronée dans ses résultats, qui, lors même qu’ils seraient certains, ne paraîtraient que des minuties oiseuses.

Je ne disconviens point que l’analyse comparée des langues ne soit une espèce d’étymologie : néanmoins, j’espère la délivrer de cet opprobre, et revendiquer sa dignité.

Il faut que le danger de faire fausse route dans ce labyrinthe soit bien grand, et l’attrait de s’y engager bien puissant, puisque nous voyons que des hommes savants, et d’un esprit distingué, ont été fort malheureux en fait d’étymologie, et ont mis en avant des hypothèses chimériques et même ridicules. C’est qu’ils n’avaient point le fil d’Ariane ; qu’ils manquaient de principes qui les dirigeassent dans leur marche, et qu’ils ne s’étaient pas rendu compte assez clairement de la nature de leur entreprise.

Il y a trois genres d’étymologie bien distincts, quoiqu’ils aient été souvent confondus mal à propos : l’étymologie grammaticale, historique, et philosophique.

L’étymologie grammaticale explique la dérivation des mots dans le sein de la langue même ; l’étymologie historique dérive une langue moderne d’une ou de plusieurs