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vores sont nombreuses, et, au milieu de cette guerre de tous contre tous, elles restent en général paisibles et pacifiques. Même les plus puissants qui, ayant le sentiment de leur force, sont irascibles, tels que l’éléphant, le rhinocéros, le taureau et le buffle sauvages, n’usent jamais de représailles : ils se contentent de repousser ou de terrasser l’ennemi, mais ils ne touchent point à sa chair. Il ne faut pas croire non plus que les plus forts animaux de proie jouissent du privilège d’une inviolabilité absolue, comme semblerait l’indiquer le titre de rois des forêts qu’on leur a donné. L’éléphant lance le tigre en l’air avec sa trompe et le reçoit sur ses défenses. Le buffle perce le lion de ses cornes énormes. Souvent dans ces combats acharnés ni l’un ni l’autre ne reste vainqueur : ils se donnent mutuellement la mort.

Ce qu’il y a de curieux, je dirais presque de consolant, c’est que des espèces qui semblent être également mal organisées pour la défense et la fuite. n’ont pourtant pas été exterminées. — —

43.

L’expérience écourte les ailes de l’imagination ; mais la contemplation les fait repousser.

44.

L’immortalité fut découverte de nuit : car, tout en voyant, nous sommes aveugles a la clarté du soleil.