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des apocalypses, c’est le mot dont il se sert. De quelle nature étalent-elles ? Les Épîtres en donnent une autre idée que son historien.

26.

L’accident qui frappa saint Paul près de Damas, et qui causa sa conversion subite, est rapporté trois fois dans les Actes. La première fois l’historien parle en son propre nom, les deux autres fois le récit est mis dans la bouche de l’apôtre. Il y a un grand nombre de variations, dont plusieurs sont assez importantes, mais l’une est de nature à changer la chose du tout au tout. Saint Luc dit : « Les hommes qui l’accompagnaient, demeuraient tout étonnés ; car ils entendaient une voix et ils ne voyaient personne. » Saint Paul, au contraire, dans son discours adressé en hébreux aux Juifs à Jérusalem, en présence du tribun romain : « Ceux qui étaient avec moi virent bien la lumière, mais ils n’entendirent point la voix de celui qui me parlait. » Dans l’apologie qu’il prononça à Césarée devant Agrippa et Festus, la négation n’est pas aussi distinctement exprimée, mais elle doit être sous-entendue : car saint Paul dit : « J’entendis une voix, » rien de plus, tandis qu’il assure que la lumière céleste environna tous ceux qui l’accompagnaient, et qu’ils tombèrent tous par terre.

Or, si tous ceux qui étaient présents ont entendu la voix d’un personnage invisible, le miracle s’est passé dans le monde physique ; il y a eu dans l’air ces vibrations sonores qui produisent la sensation d’une voix articulée. Si, au contraire, Saül seul a entendu ou cru entendre ces paroles rapportées si différemment dans les trois récits,