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avait embrassée, et à l’affermissement de sa propre autorité. S’il était né dans une république agitée par les factions, pour peu qu’il eût eu accès aux affaires, il aurait en tout cas joué un rôle, soit comme aristocrate, soit comme démagogue, et. peut-être successivement comme l’un et l’autre.

24.

Saint Paul se vante d’avoir reçu de Gamaliel, a Jérusalem même, son instruction religieuse. Ce Gamaliel était un vrai sage : humain, modéré, et cependant assez courageux pour se déclarer contre l’avis unanime du Sanhédrin. Mais il n’avait pas réussi à inspirer ses sentiments de tolérance à son élève, puisque Saül débuta comme un zélateur aveugle et sanguinaire de la loi judaïque.

25.

Dans les fréquentes révolutions de notre temps, on a vu souvent des hommes d’état changer subitement d’opinions, et, comme on dit vulgairement, tourner casaque selon les succès variés des partis. Des républicains furibonds se sont transformés en panégyristes du pouvoir absolu d’un seul, des adulateurs de l’usurpation en chevaliers de la légitimité. Ces palinodies ont retenti même du haut de la chaire. Ceux dont les discours prononcés et les écrits publiés à différentes époques se donnaient un démenti si formel, ont été en butte au ridicule et même au reproche plus grave de défection et de perfidie. Ils n’avaient pas le même moyen que saint Paul de se justifier, sur un changement tout aussi brusque dans sa profession de foi. L’apôtre se vantait d’avoir été éclairé par des révélations divines,