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pu être employé comme prénom, mais les exemples sont fort rares.

Dans les Actes il est question d’un proconsul dans l’île de Chypre, appelé Sergius Paulus : c’était donc le même surnom, ajouté à un autre nom de famille. Sergius fit un accueil favorable à l’apôtre ; immédiatement après, le biographe de celui-ci le désigne pour la première fois par le nom de Paulus. Saül aurait-il adopté ce nom par reconnaissance pour son protecteur ? C’est l’opinion de Hugo Grotius.

En tout cas nous ignorons le nom patronymique qui constatait le droit du Juif Saül au titre de citoyen romain. Comment se fait-il que saint Luc ne l’ait pas articulé dans une occasion où ce nom était de la plus haute importance ?

21.

C’est une des nombreuses paradoxies de l’histoire du christianisme qu’un Juif né dans une contrée éloignée de la Palestine, un Phariséen, un instrument du sacerdoce, un homme resté étranger à Jésus pendant qu’il vivait, qui ne l’avait jamais entendu prêcher, ni vu ses miracles, qui ne savait rien de sa résurrection, si ce n’est par les rapports d’autrui, qui n’avait eu que de courtes conférences avec les confidents et les amis intimes du prophète ; que saint Paul enfin, à lui seul, ait contribué plus puissamment à la propagation de la nouvelle doctrine, que tous les douze disciples collectivement. Les Juifs, avant cette époque, avaient souvent naturalisé des étrangers, mais c’était à condition de se faire circoncire et de se conformer à la loi mosaïque. Saint Pierre, dès le commence-