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furent ajoutés au nom principal pour distinguer, soit plusieurs branches issues d’une même souche, soit une diversité d’origine. Car les Romains donnaient leur nom patronymique (gentilicium) à leurs affranchis et aux étrangers qui avaient obtenu par leur faveur le droit de cité, et dont ils restaient les patrons ; de sorte que le nom principal n’était plus une marque certaine de noblesse. Cela fit naître l’usage, qui nous embarrasse quelquefois dans les historiens, d’omettre le nom principal, et de désigner les personnages seulement par le prénom et le surnom. Dans les actes officiels on continua cependant d’employer tous les trois noms.

Saül, Juif et Phariséen, né en Cilicie, était citoyen romain par droit héréditaire. Saül, ou avec une terminaison latine, Saulus, est évidemment son nom national, ajouté comme surnom au nom patronymique que son père ou quelqu’un de ses ancêtres doit avoir reçu de son patron.

Le savant historien des Juifs, Josephe, nous fournit un exemple analogue. Il obtint le droit de cité par la faveur de Vespasien. dont le nom patronymique était Flavius : le client fut donc appelé Flavius Josephus.

Saint Luc nomme son chef Saül aussi longtemps qu’il le peint comme persécuteur des chrétiens, et même pendant quelque temps après sa conversion. Il s’exprime vaguement sur le nom de Paulus. Probablement l’apôtre se défit de son vrai nom, pour ne pas réveiller le souvenir de ces persécutions dont il s’était repenti. Le nom adopté ne pouvait pas lui appartenir de droit. C’est en effet un nom romain, mais un surnom : comme tel nous le connaissons dans l’illustre famille des Émiles. Plus tard il a