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autre sens dans ce passage mémorable de son évangile, chapitre XXI, versets 20 — 24. [Voir les Aperçus histor., l. c.]

14.

Les deux généalogies. On ne saurait admettre qu’un historien ait voulu se contredire à bon escient. Dans un ouvrage de longue haleine, tel que l’histoire romaine de Tite-Live, quelques contradictions peuvent se glisser par l’oubli ou la négligence. Mais cette excuse n’est pas admissible, quand deux données contradictoires sont placées l’une tout à côté de l’autre. Il faut en conclure que l’auteur y a été forcé par quelque nécessité extérieure, par une circonstance indépendante de sa volonté.

Saint Matthieu et saint Luc, dans leurs évangiles, racontent la naissance miraculeuse du Christ, chacun à sa manière. Les deux récits sont incompatibles : mais ce n’est pas là la question qui nous occupe en ce moment ; il suffit de remarquer qu’ils excluent également Joseph, le charpentier de Nazareth, de toute prétention à la paternité. Néanmoins les deux évangélistes y joignent des généalogies, différentes en partie, mais d’accord sur ce point, qu’elles aboutissent l’une et l’autre à Joseph, et non pas à Marie, la mère de Jésus.

Comment concilier cela ? J’en conclus que les écrivains qui ont rédigé les deux évangiles, ne sont pas les auteurs des généalogies ; qu’ils les ont trouvées tout arrangées, et qu’ils n’ont pas osé les omettre, parce que les Juifs croyaient que le Messie devait être un descendant de David. J’en conclus de plus que ces généalogies ont été composées dans un temps où Joseph passait encore généralement pour le père naturel et véritable de Jésus. J’en