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Mais avant de jeter un tel blâme sur un homme d’état d’un mérite éminent, il serait prudent de s’assurer s’il a été en effet l’auteur de cette biographie, ou si quelque admirateur maladroit du comte de Herzberg s’est étayé de son nom. Cette dernière conjecture gagnerait en probabilité, si le livre avait paru vers la fin de sa vie, dans un lieu éloigné de sa résidence, de sorte qu’il en eût pu ignorer la publication.

Supposons en outre qu’une biographie semblable, remplie d’ailleurs de traits intéressants qu’on chercherait vainement dans toutes les autres biographies du même grand homme, eût passé a la postérité ; supposons, enfin, qu’on ne se fût avisé de faire les réflexions précédentes qu’après dix-sept siècles écoulés : il y aurait prescription, et le nom de l’auteur supposé resterait attaché à ce livre, malgré le scepticisme le plus ingénieux et le mieux motivé. [Voir les Aperçus historiques, N° 25.].

13.

Les disciples de saint Jean croyaient généralement qu’il ne mourrait point. D’après leur manière de voir, cette opinion ne manquait pas d’une certaine vraisemblance. Cet apôtre avait déjà atteint un âge extraordinaire ; d’autre part les christiani s’attendaient incessamment à la fin du monde. L’on supposait donc que Jésus, revenant sur la terre, trouverait son disciple chéri encore en vie, et le ferait passer immédiatement à l’état des bienheureux ressuscités. Saint Jean ne dit pas expressément qu’il partage cette conviction, mais il l’indique de manière a ne pas pouvoir s’y méprendre. Il serait difficile de trouver un