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dans les évangiles canoniques en eût été élagué, que nous n’en eussions connaissance que par l’un des évangiles apocryphes, les théologiens le jugeraient peut-être très-sévèrement, et y verraient un argument contre l’authenticité du récit.

9.

Le désaccord entre les évangélistes est au grand jour et doit frapper tout lecteur attentif : l’accord, s’il existe, doit être caché bien au fond, puisqu’il y a prés de quinze siècles que les harmonistes travaillent à faire disparaître les contradictions par toute espèce de subterfuges et de fins de non recevoir, et que néanmoins ils n’y ont pas encore réussi. Saint Augustin est le premier, que je sache, qui ait composé exprès un traité sur l’harmonie des évangiles. Mais avant lui d’autres pères de l’Église, nommément Origène, s’en étaient fort occupés, afin de réfuter des antagonistes tels que Porphyre et Celsus. — —

10.

L’évangile selon saint Jean est un récit fort incomplet de la mission de Jésus ; les coïncidences avec les autres y sont rares. Autrefois les théologiens ont essayé d’expliquer cela en supposant que l’apôtre n’aurait voulu que donner un complément et qu’il aurait passé exprès sous silence les faits déjà généralement connus par les trois évangiles précédents.

11.

L’évangile de saint Jean n’est qu’un fragment de biographie : il ne nous apprend pas comment Jésus est entré dans le monde. ni comment il en est sorti.