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mais que celle des deux qui est plus vivace et douée d’une grande énergie générative, imprime plus fortement son caractère physiologique et physionomique à la postérité commune. — —

8.

Quel est le caractère distinctif des évangiles canoniques et des évangiles apocryphes, d’après lequel les chefs de l’Église primitive ont admis les uns et exclu les autres ? Je ne vois pas de ligne bien tranchée ; j’y trouve, au contraire, beaucoup de conformités. Les évangiles apocryphes sont écrits dans un grec barbare, ou dans un latin barbare, lorsque nous n’en avons que la version. Le grec hébraïsant des évangiles canoniques, quoique en partie calqué sur la version alexandrine des Septante, n’est pas classique non plus. Les évangiles apocryphes se contredisent sur plusieurs points ; les contradictions ne manquent pas non plus dans les évangiles canoniques, comme le prouvent les tours de force et les vains efforts des harmonistes depuis tant de siècles. L’opposition entre l’évangile selon saint Jean et les trois autres pris collectivement est encore plus générale et plus frappante. Dans les évangiles apocryphes on trouve des applications arbitraires de plusieurs passages des prophètes relatifs à la personne de Jésus, destinées à prouver qu’il était bien le Messie, le sauveur promis aux Juifs. Ces interprétations manifestement fausses se trouvent aussi dans les évangiles canoniques ; celui de saint Matthieu abonde particulièrement en ce genre. Les évangiles apocryphes rapportent des faits incroyables et même impossibles ; les évangiles canoniques leur ressemblent en cela plus qu’en toute autre chose. Supposons un instant que tel trait que nous lisons