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alliage et sans interruption pendant près de quatre mille ans. Mais ne vous en flattez pas, messieurs R. et consorts ! Vous êtes, vous et vos coreligionnaires, un peuple mixte, comme tant d’autres qui passent aujourd’hui pour homogènes. On objecte que la physionomie nationale des Juifs, restée la même dans tous les pays où ils sont dispersés, et si fortement prononcée, prouve la pureté de leur sang. Hume s’est appuyé de ce fait pour nier l’influence des causes physiques sur l’homme. Il veut persuader ses lecteurs que les Juifs doivent a la loi de Moïse leur teint plus ou moins basane, leurs cheveux noirs et crépus, leur nez aquilin et serré, enfin ces lignes qui remontent du profil en arrière et donnent a leurs têtes un air de satyres grecs. Mais Hume a été singulièrement aveuglé dans cette discussion : il ne connaît pas d’autre cause physique que les influences du climat ; il ne fait pas entrer en ligne de compte la plus puissante de toutes, la race. Son argument serait bon. si la loi de Moïse n’interdisait pas aux Juifs d’épouser des femmes étrangères. La constance de la physionomie nationale pourrait prouver tout au plus que le mélange a été graduel, successif et pas assez considérable pour affecter la masse. Cependant je ne crois pas même devoir accorder autant. Car, comme nous verrons tout à l’heure, le premier mélange qui remonte a l’époque où les Hébreux se sont formés en corps de nation, a eu lieu entre les Phéniciens et les Égyptiens, deux peuples méridionaux, voisins, et dont la constitution physique peut avoir eu beaucoup d’analogie, quoique, a juger d’après leurs langues, ils appartinssent a des familles différentes. Ensuite, beaucoup d’expériences prouvent que les métis ne tiennent pas toujours le milieu entre les races croisées,