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ou en les dispersant ; mais la lumière, la chaleur et la combustion ne sont que trois vertus inhérentes à un élément simple.

Cependant le Dante a toujours été reconnu par l’Église pour orthodoxe, et il a bien prouvé qu’il l’était. Son poëme allégorique est construit sur le principe du ternaire, depuis son ensemble jusque dans les moindres détails.

Quiconque veut approfondir par la pensée le dogme de la trinité navigue entre Scylla et Carybde. S’il sépare trop les trois personnes, il devient polythéiste ; s’il les rapproche trop, unitaire ; et ces deux opinions, au dire des théologiens, sont également des hérésies condamnables.

Selon l’usage commun, nous nommons personne ce qui distingue les hommes les uns des autres, leur caractère individuel. La personnalité est le centre des êtres intelligents. Or il est impossible de concevoir trois centres différents dans un seul et même cercle. Ou les centres se confondront en un seul point, ou ce ne sera plus un cercle.

97.

Sur le terrain de la spéculation les mystiques ne sont pas plus à l’abri du scepticisme que les philosophes. Mais cela ne les trouble guère ; ils se dédommagent des ambiguïtés de la raison par les jouissances du sentiment.

98.

Parmi les sentences d’un poète allemand du dix-septième siècle qui s’est nommé Angelus Silésius, par allusion à sa tendance contemplative et à sa patrie, je lis le distique suivant :

« Je ne sais pas ce que je suis, et ne suis pas ce que