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85.

En fait de conviction religieuse, les arguments sont peu de chose. Un de nos savants exégètes prouvera, par exemple, jusqu’à l’évidence, et d’après toutes les règles de l’interprétation, que dans tel et tel passage des psaumes ou des prophètes, il est question d’événements et de personnages contemporains, et nullement du Messie, et que, par conséquent, les applications qui en sont faites à la personne de Jésus de Nazareth ne sauraient être admises. Un chrétien croyant tout de bon, admettra peut-être les prémisses, mais il niera la conclusion. Il dira : « Soit ! Je veux bien que le prophète ait eu l’intention que vous lui prêtez. Mais il n’était qu’un instrument passif du Saint-Esprit, qui a voulu révéler par sa voix aux siècles à venir ce que l’auteur inspiré, pendant sa vie mortelle, ignorait encore lui-même, ou voyait tout au plus comme à travers d’un brouillard. » — Que répondre à cela ?

86.

Quand les auteurs profanes, même un auteur aussi grave et véridique que l’était Tacite, jugent sévèrement les chrétiens, j’y attache peu d’importance. Le souverain mépris qu’ils avaient pour cette secte, les a empêchés de s’en informer exactement. Mais les traits épars dans les Actes et les Épîtres suffisent pour me donner une idée extrêmement défavorable des premières communautés chrétiennes.

87.

Je trouve Tertullien bien téméraire d’avoir osé nommer Platon le pâtissier et le confiturier de toutes les hérésies.