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82.

Dieu est le souverain bien, la source de toute joie et de toute félicité. Il est la vérité essentielle. Il est l’archétype de tout ce qui est beau dans le monde visible. Il est le soleil des êtres doués d’une intelligence quelconque : leurs facultés intellectuelles ne sont qu’un reflet de ses rayons.

83.

Il n’est point de secte chrétienne si absurde, qui n’ait su trouver quelque passage de l’Écriture, dont elle pût s’autoriser assez spécieusement dans ses dogmes, ses préceptes et ses pratiques. Que s’ensuit-il de là ? Que ce livre est pliable en tout sens, et qu’il faut une seconde révélation pour empêcher qu’on ne se méprenne sur la première. C’est la thèse de l’Église catholique.

84.

Schleiermacher niait l’éternité des peines. Il dit, entre autres, que les élus ne pourraient pas jouir de leur félicité, si la pensée leur était toujours présente, que tant d’êtres, leurs semblables, sont livrés à des tourments affreux, sans aucun espoir de délivrance ou même de soulagement. Voltaire avait déjà anticipé cet argument à sa manière ironique, en se faisant dire par son cafard :

— — — — Vous avez bien la mine
D’aller un jour rechauffer la cuisine
De Lucifer : et moi, prédestiné,
Je rirai bien, quand vous serez damné.