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Saint Jude a puisé cette fable dans les rêveries absurdes et superstitieuses de quelques docteurs juifs.

Néanmoins le rejet de l’épître de saint Jude aurait entraîné une lacune notable dans le dogme : car un seul verset de ce petit écrit contient tout ce que nous savons de la rébellion des anges.

80.

« Femme, qu’y a-t-il de commun entre vous et moi ? » — Il y a loin de cette pauvre Marie à qui ces paroles austères furent adressées par Jésus, jusqu’à la Sainte-Vierge, la première née de la création, destinée à devenir l’épouse virginale de Dieu et, fécondée par son souffle divin, la mère de son fils coéternel, enfin la reine des cieux. Les motifs de cette étrange métamorphose sont clairs ; mais où trouver un prétexte tant soit peu spécieux pour étayer une fiction aussi arbitraire ? Je crois qu’on s’est appuyé sur une fausse interprétation d’un verset de l’Apocalypse, où l’auteur décrit une femme céleste, revêtue du soleil, la tête ceinte de douze étoiles, posant le pied sur le croissant de la lune. (XII, 1.] Le changement s’est-il effectué graduellement ou subitement ? et à quelle époque ?

81.

Le nectar des choses divines, quand on le verse dans le vase des religions positives, pétrie d’une argile grossière, se décompose, s’aigrit et fermente. Il ne peut être conservé pur que dans la coupe d’or de la contemplation.