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de Molière, sur la forme ou la figure d’un chapeau. La discussion amène des investigations plus approfondies : ensuite il surviendra des juges impartiaux dont l’amour-propre ne sera pas en jeu, et le vrai finira par être reconnu tôt ou tard.

Ce genre d’érudition n’est pas resté stationnaire en France. M. Baynouard a eu un digne successeur en la personne de M. Fauriel, dont les recherches se lient à ses travaux et les complètent jusqu’à un certain point. Feu M. Raynouard avait choisi pour son département la base de toute étude philologique, la grammaire, et la poésie individuelle, c’est-à-dire lyrique. M. Fauriel s’est élancé dans un champ plus vaste, celui des romans chevaleresques. Il ne les a pas considérés isolément, ce qui ne conduit à rien ; il a étendu sa vue sur l’ensemble. Il classe ces romans selon les fictions fondées sur quelque tradition populaire, ou purement Imaginatives qui s’y développent ; ensuite il forme méthodiquement dans chaque classe des séries, de sorte que l’on puisse saisir la totalité d’un seul coup d’œil. Les originaux aussi bien que les traductions en langue provençale ayant été perdus à peu d’exceptions près, il faut recourir aux romanciers français du Nord, et aux poètes presque contemporains qui ont naturalisé en Allemagne un grand nombre de ces romans par des imitations versifiées. M. Fauriel possède la connaissance, bien rare en France, de ces dernières. Le double phénomène de la chevalerie et des fictions qui en offrent un portrait naïf ou idéal, avait souvent été l’objet de mes méditations, sans que j’en eusse parlé autrement en public que dans mon cours habituel de poésie allemande du moyen âge. Les leçons de mon ancien ami, M. Fauriel, données à la