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des guerres pieuses, en armoiries royales, en parure de la chevalerie, en flamme des forteresses mobiles qui sillonnent l’Océan ?

Est-ce un miracle ? Je pense que non. En fait de religion on obtient d’autant plus qu’on exige davantage, et qu’on brave plus audacieusement les sentiments du genre humain.

68.

Les évangélistes sont de mauvais biographes. Ils violent toutes les règles dont nous exigeons l’observation de la part d’un historien, afin qu’il soit jugé digne de foi. Mais par rapport aux lecteurs auxquels les Évangiles étaient destinés, je les trouve composés avec un talent admirable : à l’insu des auteurs, s’entend ; car il n’y a rien de factice.

69.

Dédaigner toutes les ablutions prescrites par le rituel d’une loi qu’on reconnaît pour divine, négliger même celles qu’exige la propreté matérielle ; déclarer que la pureté des sentiments suffit pour se présenter dignement a tous les actes du culte ; substituer ensuite aux anciennes pratiques une seule ablution ou plutôt immersion ; en faire la marque distinctive de la réception dans la société sainte, et une condition indispensable du salut : n’est-ce pas une contradiction ?

70.

Depuis qu’on ne chasse plus les démons, il n’y a plus de possédés.